Linguistique Contrastive
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Cours de linguistique contrastive
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Apparue vers les années cinquante (1950), la linguistique contrastive avait pour objectif, sur le plan linguistique, de comparer les structures de deux ou plusieurs langues, apparentes ou non, afin d'établir une corrélation entre deux ou plusieurs langues de point de vue de leur génétique. Sur le plan didactique, sa naissance se rapporte à la hausse du taux des lacunes enregistrées dans l'enseignement des langues étrangères. De ce fait, cette discipline avait aussi pour second objectif l'analyse et la description des erreurs dues à l'influence de la langue maternelle sur l'apprentissage d'une langue seconde ou étrangère.
En effet, avec les travaux de FRIES (1945) et de LADO (1957) se développait une nouvelle manière d'envisager et d'expliquer l'erreur, fondée sur la description linguistique des différences structurelles opposant deux langues, une déjà acquise ou apprise (désormais L1) et l'autre à apprendre (désormais L2), afin de faciliter l'apprentissage des langues étrangères et, d'une manière plus générale, le passage d'une L1 à une L2 :
« [...] La linguistique contrastive est assez étroitement liée à des hypothèses psychopédagogiques sur la nature et rôle des fautes dans l'apprentissage. Son objectif est de prévoir, de décrire et d'expliquer les fautes et les difficultés due à l'influence de la L1 qui font par exemple qu'un élève allemand dira : « la soleil » ou, « j'ai le livre lu », un élève anglais : « son maison », un élève arabe : "le chien que je le vois" etc., soit ce que l'on appelle désormais des interférences linguistiques. » (DEBYSER, 1970 : 33).
Il va sans dire que l'apprentissage d'une langue seconde diffère absolument de l'acquisition de la langue maternelle. Dans le cas du premier, l'apprenant se trouve dans un stade cognitivement et intellectuellement avancé et possède déjà un bagage linguistique antérieurement acquis, lequel bagage lui servira d'appui dans la suite de son apprentissage. Tandis que le deuxième se fait dans un stade précoce. L'apprenant y acquiert la langue, celle de ses parents en l'occurrence, naturellement et instinctivement en dehors de tout processus pédagogique. De ce fait, la langue maternelle devient chez l'apprenant d'une langue étrangère une sorte de repère fondamental (CUQ, 2003 : 43) dans la mesure où l'apprenant use des structures de sa L1 pour mieux progresser dans son apprentissage de la L2.
Dans cette perspective, un nombre important des erreurs commises par les apprenants d'une L2 n'aurait pour explication que leur recours à leurs L1, ce qui va donner lieu dans la majorité des cas à des structures langagières plus ou moins erronées. Surtout quand il s'agit de deux langues (L1 et L2) structurellement non apparentées à l'instar de l'arabe et du tamazight (famille des langues chamito-sémitiques) et le français (famille des langues indo-européennes).
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De la grammaire à la linguistique en classe de langues
De nos jours, on a souvent tendance à distinguer, d'un point de vue épistémologique, la grammaire de la linguistique, étant donné que l'objet de l'un et de l'autre n'est pas souvent le même. On a souvent tendance à réputer pour une discipline autoritairement la grammaire normative et la linguistique pour une science objectivement descriptive. Une distinction que FREI explicite comme suit :
« Tandis que le grammairien et le législateur prescrivent et codifient ce qui doit être, le linguiste et le sociologue constatent et enregistrent simplement les rapports de mutuelle dépendance reliant les faits : une grammaire normative n'est pas une Traité de linguistique, de même que le code civil n'est pas un Traité de sociologie ni le Code pénal un Traité de criminologie. » (1929 : 24).
Face à une telle divergence, beaucoup de chercheurs alludent au divorce de ce qu'A. BERRENDONNER (1985) désignait par l'expression : « le couple antagoniste grammairiens/ linguistes » (cité par CUQ, 1996 : 25) vue le contraste des tâches et des rôles qui leur sont assignés. Mais, au lieu de s'efforcer à les séparer, pourquoi ne pas faire de même pour les concilier, pourquoi ne pas penser plutôt à la complémentarité qui pourrait exister entre eux? Comme réponse, CUQ (Ibid.) explique que, dès leurs naissances, l'objectif ultime des grammaires était purement didactique, elles étaient souvent destinées à l'enseignement des langues et même pour les enseigner à des étrangers, et à un moment donné, on a dû soutenir un tel objectif par les descriptions de la linguistique et ses apports :
« L'objet d'une grammaire est prioritairement didactique. A ce titre, la description linguistique doit lui être subordonnée. On dira donc plutôt que le rôle du grammairien est de fournir une aide didactique à l'enseignant : pour ce faire, il ne peut bien entendu rester dans l'ignorance des connaissances acquises par les linguistes. C'est donc peut-être en grande partie de la confusion entre les rôles dévolus au linguiste et au grammairien, c'est-à-dire finalement d'une absence de réflexion conceptuelle, que provient le dilemme méthodologique dans lequel l'enseignement de langues se laisse enfermer depuis trop longtemps maintenant : enseigner ou ne pas enseigner la grammaire. Et cela au point qu'aujourd'hui l'apprentissage/enseignement de la grammaire joue le rôle d'un véritable obstacle dans l'apprentissage/ enseignement des langues. » (CUQp.57 , 1996 : 26).
A ce niveau, la naissance de la linguistique appliquée vers les années 1950 a constitué un rétablissement des tâches assignées aux linguistes et aux grammairiens et une incarnation de la contribution de la linguistique scientifique à l'enseignement des langues en général et de la grammaire en particulier. Dans ce sillage, CHISS pense que : « [...] le terrain de l'enseignement de la langue soit le lieu par excellence de validation de la linguistique, qu'on ne puisse séparer la recherche concernant l'efficace de la linguistique sur la rationalisation pédagogique » (2016 :19).
La linguistique se voit ainsi révolutionner le champ de l'enseignement de la grammaire à travers l'application des théories structuralistes, en particulier le distributionnalisme, en classe de langue (Ex : la méthodologie audio-orale). Cette rupture épistémologique constitue à notre sens une réconciliation entre deux disciplines, linguistique et grammaire, dont la séparation engendre la stérilité de la première et le dogmatisme de la seconde.
Selon DE PIETRO (2002), outre le domaine de la didactique et de la traductologie, la linguistique appliquée s’intéresse également à la neurolinguistique, la psycholinguistique, la sociolinguistique, la linguistique de l’acquisition, la politique linguistique, la linguistique interactionnelle, etc., c’est-à-dire, elle peut s’intéresser à toute discipline relative à l’étude de la langue et du langage :
« La linguistique est le secteur des sciences du langage qui traite des relations entre ces dernières et différents domaines d’activité sociale : enseignement et apprentissage des langues, traduction politique linguistique, terminologie et ingénierie des langues. […] la linguistique appliquée est d’abord liée, d’une part à des domaines d’analyse linguistique relativement formalisé (structuralisme distributionnel), d’autre part à des technologies de quantification (décomptes et statistiques), d’enregistrement et de reproduction (magnétophone et laboratoire de langue), de recherche d’automatisation (traduction automatique). » (2003 : 155-156)
En résumé, a linguistique appliquée est une branche de la linguistique qui s’intéresse davantage à l’application et la mise en pratique des théories de la langue et non pas à ces théories en elles-mêmes. Elle constitue ainsi un pont entre la linguistique théorique et une certaine linguistique plutôt pratique et a pour objectif de répondre aux lacunes d’autres disciplines. Ainsi, comme l’illustre le schéma sous-présenté de GALISSON (1972), la linguistique appliquée constitue une activité qui met en œuvre les fondements de la théorie (linguistique) dans la méthodologie.
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Comme vous l'avez précédemment vu, la linguistique contrastive a pour principal objectif l'analyse et la description des erreurs dues à l'influence de la langue maternelle sur l'apprentissage d'une langue seconde ou étrangère.
Par contre, la linguistique comparée (ou encore linguistique comparative, linguistique historique ou grammaire comparée) est une discipline de la linguistique qui se propose d'étudier, à travers une approche historique et une méthode comparative, l'histoire et l'évolution des langues ou des familles de langues.
La méthode comparative constituait ainsi la méthode par excellence de la linguistique historique du XIXe siècle comme le témoigne la réflexion de MEILLET (1925) : *« La comparaison est le seul instrument efficace dont dispose le linguiste pour faire l'histoire des langues » (1925: 11). Pour lui, deux principaux objectifs sont caractéristiques de cette linguistique : « Il y a deux manière différentes de pratiquer la comparaison : on peut comparer pour tirer de la comparaison soit des lois universelles soit des indications historiques. Ces deux types de comparaison, légitimes l'un et l'autre, différent du tout au tout » (MEILLET, 1926: 01).
Quant à la didactique, elle s’intéresse à l'étude systématique des méthodes et des pratiques de l'enseignement en général, autrement dit, à « l'étude de la problématique du comment on enseigne/on apprend » (PUREN, 1994 : 19). La notion de didactique", empruntée du mot grec "didaskein" (MARTINEZ, 1996 : 03) qui veut dire "enseigner", renvoie à tout ce qui est propre à l'enseignement. Autrement dit, mettre à la disposition de l'élève des connaissances et des savoirs qui lui sont nouveaux. Selon lui, ce terme :
« [...] n'est bien entendu pas réservé au domaine des langues : il a pour signification étymologique, comme adjectif d'abord, « qui est propre à instruire » [...]. Le substantif recouvre un ensemble de moyens, techniques et procédés qui concourent à l'appropriation, par un sujet donné, d'élément nouveaux de tous ordres. » (1996 : 03)
En résumé, la linguistique contrastive adopte la même méthode que la grammaire comparée, mais leurs objets sont différents. La première intéresse aux problèmes pédagogiques engendrés par la différence structurels des langues. Alors que la deuxième se focalise sur la différence ou la parenté de ces langues. La linguistique contrastive a le même objet que la didactique, mais non pas la même méthode.
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A travers cet espace, les étudiants sont appelés à discuter autours de la linguistique contrastive comme discipline.
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Dans ce forum les étudiants sont amenés à établir une distinction des trois disciplines : la linguistique contrastive, la linguistique Comparée et la didactique des langues
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